Vous avez été nombreux à réagir à la question que notre présidente Jeanne Choquette a lancée dans son article publié dans le Sourdine du mois de mai dernier (republié sur la page Facebook d’Audition Québec), à savoir, de quelle façon vous vous identifiez: sourds, malentendants ou devenus sourds?
Il ne semble toujours pas y avoir unanimité sur la question. Voici les commentaires que nous avons recueillis:
MALENTENDANTE
Mon nom est Josée et je vais avoir bientôt 54 ans. Pour répondre à votre question, moi je me définis comme malentendante lorsque je me présente. Je porte des appareils auditifs dans les deux oreilles et je suis rendue à un niveau où on m’a proposé un implant cochléaire. Je me suis mise sur la liste d’attente mais je dois avouer que je ne suis pas encore certaine que je suis prête à faire le “move”… je continue de réfléchir d’ici à ce que l’on me contacte…Je lis sur les lèvres et j’ai aussi connu l’hospitalisation en temps de COVID avec les masques… pas simple La majorité des infirmiers/infirmières baissaient le masque mais pour les médecins ce n’était pas toujours le cas. Une préposée a fait la demande de masques avec fenêtres mais ils ne les ont pas reçus avant mon départ…
J.S.
MALENTENDANTE
Je n’ai jamais réalisé à quel point j’étais sourde et à quel point je me fiais à la lecture sur les lèvres, jusqu’à ce que tout le monde porte des masques et que je ne comprenne plus rien.
Même si « officiellement », mon niveau d’audition est assez bas pour être considérée comme sourde, j’ai beaucoup de difficulté à m’approprier ce terme et je préfère encore dire malentendante.
Je ne comprends pas le LSQ ou l’ASL et je n’ai pas grandi dans la culture ou la communauté sourde. J’aurais l’impression d’être une imposteure ou de prendre une place qui ne me revient pas. Je suis comme dans un « entre-deux », si je peux dire ainsi.
M.F.
SOURD…ET MALENTENDANT
Je pourrais me qualifier de malentendant lorsque je porte mes prothèses car ma compréhension de la parole, l’identification et la provenance de certains bruits, reste difficile.
Mais je me considère d’abord comme étant sourd puisque sans mes prothèses, je n’entends à peu près rien.
Rien de plus vrai quand on dit que nous sommes entre deux mondes; celui des entendants et celui des sourds, sans vraiment faire partie de l’un ou l’autre.
D.B.
SOURDE
Je suis malentendante depuis mes 19 ans environ car c’est à ce moment que les premiers symptômes sont apparus. J’ai eu mon premier appareil auditif pour mon oreille droite à 23 ans. Puis pour mon oreille gauche à 25 ans. J’ai maintenant 53 ans. Je suis infirmière à l’urgence d’un hôpital sur la rive-sud de Montréal.
Au début de ma carrière, je disais que j’étais malentendante. Mais certains patients ne comprenaient pas ce que je voulais dire par malentendante. Et plusieurs n’osaient même pas demander ce que cela voulait dire. C’est alors que j’ai commencé à dire que je suis sourde, que j’ai des appareils auditifs. Je leur dis que mes appareils captent les sons en avant de moi (c’est leur programmation). Vous comprenez qu’à l’urgence, il y a des bruits… beaucoup de bruits. Alors je leur dis “si vous voulez me parler, vous devez absolument sonner”! Et parfois je me permets d’ajouter:, “vous pouvez me lancer un verre d’eau, c’est certain que je vais me retourner”!. Cela les fait rire et ils voient que j’ai de l’humour.
En fait, ma phrase est toute faite lorsque je me présente: “Je suis votre infirmière pour la journée, je suis sourde”… Et cela à tous mes patients. Je porte aussi sur ma carte d’identité le sigle de l’oreille. Malheureusement, il y a encore bien des gens qui ne le connaissent pas.
Malheureusement aussi, mes problèmes d’oreilles se sont aggravés. Maintenant je n’entends presque plus de mon oreille gauche. Mais je n’ai aucun problème. Mes collègues le savent et souvent ils me demandent, “est-ce que je te parle du bon côté”?
L.M.
MALENTENDANTE
Suite à l’article Sourde ou Malentendante dans Sourdine, je suis en attente d’un implant cochléaire et je me qualifie de malentendante.
J’aimerais également féliciter madame Jeanne Choquette pour son excellent travail et pour son dévouement.
L.T, Brossard
SOURD OU MALENTENDANT? UNE QUESTION PERTINENTE
Je prends le temps de vous écrire ce court message pour vous dire que votre témoignage dans le dernier numéro de Sourdine était vraiment très intéressant et a touché une corde que j’aime bien aborder avec les étudiant(e)s en orthophonie, soit, justement, la manière dont les personnes sourdes et malentendantes se décrivent elles-mêmes (et l’importance de cette identité).
L.D., Trois-Rivières